Débat avec Dominique Raimbourg autour de "Prison, le choix de la raison"

La prison par-delà le symbole, avec Dominique Raimbourg

Surpopulation carcérale, faits divers,  ce sont, pour le grand public, les deux seules ouvertures sur l’univers clos des prisons . Dominique Raimbourg, député PS et président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, va au-delà des murs avec « Prison, le choix de la raison » (éditions Economica, 2015, co-écrit avec Stéphane Jacquot). Débat avec une cinquantaine de personnes à la Maison de l’Avocat de Nantes, le 9 juin dernier.

« La justice c’est comme la Sainte Vierge, il faut que de temps en temps elle fasse une apparition sinon le doute s’installe », pour Dominique Raimbourg, c’est une réplique de Michel Audiard qui caractérise le mieux l’emprisonnement, peine symboliquement la plus forte aux yeux de la collectivité.

Torture, écartèlement, coup de fouet, du temps de l’absolutisme royal, les châtiments s’effectuaient à même le corps, comme rappelé dans la salle. Avec les Lumières, la liberté devient le bien le plus précieux de l’Homme et sa privation, la sanction ultime. « La tendance à l’incarcération, seule réponse pénale visible », prend racine là, selon le député socialiste de la quatrième circonscription de Loire-Atlantique.

Le rôle des citoyens

Aujourd’hui, la France compte 66 874 détenus, soient 101 prisonniers pour 100 000 habitants –fourchette haute en Europe de l’Ouest. Il y a quinze ans, ce ratio était de 82 pour 100 000 habitants. Essentiellement concentrée dans les maisons d’arrêt, la surpopulation carcérale est devenue, entre temps, un problème majeur. « Il faut éviter la caricature de la sur-incarcération à l’américaine et le regroupement par peine », alerte Dominique Raimbourg.

Associer les citoyens à la chaîne de décision pénale serait un premier remède. Garantissant la visibilité du châtiment, ce concept ouvrirait la voie à davantage de peines alternatives, moyen efficace de lutter contre la surpopulation dans certaines cellules.

Répulsion-attraction du mal

175 000 condamnés purgent déjà leur peine à l’extérieur de la prison, chiffre relativement méconnu. Une question de coût aussi : 15 € par jour pour un bracelet électronique contre près de 100 € pour une journée en prison. Toutefois, la frontière entre stigmatisation et visibilité reste mince.

« La gauche n’est pas entièrement pour la réinsertion, la droite n’est pas entièrement pour la répression », désamorce l’ancien avocat pénaliste. Sous trois majorités politiques différentes, le budget de la justice est d’ailleurs passé de 5 milliards d’euros en 2005 à 8 milliards à ce jour. Une manne financière qui ne peut effacer l’ambivalence que ressent tout un chacun. « La justice pénale, c’est la gestion du mal, et le mal suscite beaucoup de rejet et un peu d’attirance ».

Par Thibault Dumas, journaliste, avec Noémie Boulanger.

Interview vidéo de Dominique Raimbourg

Réalisation : Thibault Dumas avec Noémie Boulanger.

 


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Le débat en photos

Débat : Dominique Raimbourg

Photos : © Thibault Dumas.

 

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