Contribution libre des adhérents de l’IK - Newsletter mars 2024

Ce qu’ils en disent :
« Sobriété, un défi et des questions nombreuses »

Les faits sont là, indiscutables, du TROP, partout : températures trop élevées (records battus tous les ans), trajets avion/voitures trop nombreux, consommations excessives (pétrole, plastiques, textiles…) « surtourisme » galopant etc…

 

TROP c’est TROP !

Sommes-nous sourds à la Science et aux menaces et défis qui nous attendent ?

OUI…

  • nous continuons de polluer et de détruire à vitesse V, biodiversité, océans, terres…
  • le mode de vie égoïste de nos plus riches est condamnable (le nôtre aussi ?),
  • nous avons pris conscience des dangers et défis à surmonter.

MAIS…

L’urgence reconnue, pouvons-nous réellement nous décarboner et réduire notre empreinte écologique d’ici 2030 ? Une échéance courte, difficile à envisager alors que nos besoins d’énergie continuent de croitre, en pétrole, ciment, plastiques et en transports aériens (en 2023, il n’y a jamais eu autant de vols, les carnets de commande débordent).

 

Le combat est-il perdu et les prévisions de + 3 à 4° sur Terre en 2100 sont-elles exagérées ?

Les chiffres de nos émissions annuelles de CO2 par habitant donnent le tournis : Les Pays du Golfe 25 tonnes, USA 13 tonnes, France 8 tonnes (inclus 20 kg/hab de viande rouge). Est-ce donc des utopistes ces visionnaires optimistes qui exigent 2 tonnes par an ?

Sommes-nous vraiment et définitivement impuissants, suicidaires, insensibles à l’avenir de nos enfants?

 

Réduire notre empreinte sans écologie punitive ou réglementée?

Oui MAIS… Si le constat est simple et les chiffres parlants. Le débat ouvre sur plus de questions complexes que de réponses faciles, le tout assorti d’arbitrages politiques difficiles :

  • Le sentiment du trop est-il universellement perçu ou seulement dans les pays riches ?
  • Au nom de l’équité et de l’histoire, peut-on exiger les mêmes efforts des pays pauvres ?
  • Pourrons-nous réduire notre empreinte sans écologie punitive ou réglementée?
  • Sommes-nous vraiment capables de modifier nos modes de vie sans sacrifices ?
  • Pouvons-nous financer rapidement l’isolation de nos logements, première source de gaspillage ?
  • Comment concilier justes besoins à satisfaire et pressions excessives sur nos milieux?
  • Quelles conséquences économiques sur l’emploi auront nos choix de restrictions ?

 

La Sobriété ?

« Une idée en pleine croissance » (titre de « Sciences et Avenir » de Janvier 2024), pourra-t-elle être vraiment heureuse (P Rabhi 2010) ? Peut-on y croire ?
Mais oui, le bonheur n’est pas que lié à notre « fièvre acheteuse ». Mais la sobriété ne va-t-elle pas percuter notre économie de marché ? Oui, des technologies sobres et novatrices existent mais elles sont souvent couteuses, elles ne suffiront pas à préserver la Terre (Académie des Technologies).

 

Quelle sobriété et frugalité ?

Posons-nous alors la question des chemins à emprunter et des interrogations auxquelles répondre.
D’abord un constat, après les premiers espoirs, la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France en 2023 est majoritairement liée à la conjoncture plutôt qu’aux efforts de sobriété (Citepa, Centre Technique des Pollutions).

Il est difficile de croire que pour chacun d’entre nous l’exemplarité, même minime, d’utiliser moins sa voiture ou l’avion peut constituer une réponse collective alors que nos voisins émergents (Chine, inde, Afrique…) veulent voyager plus et accéder au même niveau de confort.
Les progrès existent pourtant : une consommation de viande en baisse, des trajets vélo en hausse, plus de voitures électriques, le compostage des déchets alimentaires croit… Mais est-ce réellement suffisant pour être aux rendez-vous des objectifs fixés par les Cop et nos gouvernements ?

 

En conclusion

La réponse aux défis de la frugalité/modération doit être à la fois individuelle et collective, soutenue par des politiques volontaires et incitatives (subventions…) à défaut d’être « sanctionnantes ».

 

Michel Aymé, adhérent de l’Institut Kervégan