Portrait de Michel LEROY

La curiosité de se frotter à d’autres pays

La trajectoire professionnelle de Michel LEROY, , président d’une société de courtage et sourcing de chaussures en Asie est le reflet de l’évolution de l’économie industrielle du début du vingtième siècle à aujourd’hui. Son parcours l’a mené d’une entreprise familiale dans le Finistère à l’Asie de l’industrie mondialisée. Cette expérience a forgé en lui une adhésion sans faille à une Europe unie, en capacité de discuter avec les dragons émergents.

– Entre l’entreprise familiale du Finistère et l’industrie asiatique, on change radicalement d’univers!

Mon grand-père avait crée en 1917 une fabrique de sabots, qui est devenue en 1974 une entreprise de 220 salariés, qui s’est diversifiée dans la chaussure pour enfants.

Vers la fin des années soixante dix, l’entreprise familiale, comme beaucoup d’entreprises de main d’œuvre à l’époque commençait à sentir des difficultés. On parlait déjà de produire à moindre coût en Italie, en Espagne ou au Portugal. J’avais fait des études de commerce, et à la suite de ma grand-mère, de mon père et de mes oncles, j’en suis devenu le patron à 26 ans. On était au début des années quatre-vingt. Mais la réalité économique était telle, que la famille a décidé d’arrêter les activités en 1986. Non sans douleurs!

– Vous prenez le parti de regarder vers l’avenir…

Oui, par nécessité. Je me suis fait embaucher pendant 7 mois dans une entreprise de chaussures pour faire une étude sur les fabricants à l’international. Rapidement, j’ai senti que les choses allaient se passer désormais vers l’Inde ou la Chine. Alors j’y suis parti pour préparer le terrain.

– Les conditions étaient favorables pour ensuite créer votre propre société de courtage?

En effet, les conditions se présentaient bien. Je suis parti en 1986 en Chine, puis je suis allé entre 1986 et 1989 au Vietnam, en Indonésie, en Inde, en Thaïlande, à Taïwan, en Corée du Sud, et dans toute la Chine. J’ai connu à l’époque la Chine sans voiture, où on allait chez ses fournisseurs en vélo! Mes clients étaient les grandes enseignes.

– Quel regard portez-vous sur ce commerce mondialisé?

J’ai toujours été favorable aux échanges et à la mondialisation car cette ouverture a enrichit le monde comme jamais. Les pays pauvres, qui ont produit à moindre coût, ont bénéficié de la consommation des pays riches. Mais il y a des règles à respecter et il faut, dans certains cas, savoir poser des limites.

– Vous dites être pour cela un pro-européen!

Sans cette dimension européenne, nous ne sommes pas en mesure de discuter avec ces pays là!

– Vous aimez les voyages pour des raisons aussi plus personnelles?

Aller à l’étranger, est pour moi, au-delà de la nécessité professionnelle un réel plaisir. C’est mon père qui nous a donné le goût de voyager. Il y a une quarantaine d’années, c’était un peu plus compliqué de voyager, même en Europe. J’ai le souvenir des passages de frontières, de l’obligation d’avoir des visas pour voyager en Europe de l’Est, d’avoir un passeport pour aller au Portugal ou en Italie. Aujourd’hui, mes enfants ont cette chance de vivre et de pouvoir bouger librement en Europe, dans un espace aujourd’hui en paix, d’y être nés et de jouir de la liberté individuelle! Je veux leur transmettre cette curiosité de voir d’autres pays, d’autres cultures, se frotter à des réalités parfois complexes.

Propos recueillis par Stéphanie RABAUD