Portrait de Mathias CROUZET

Comment être citoyen à l’ère du numérique ?

Mathias Crouzet est jeune, il a 25 ans mais déjà une expérience confirmée de l’engagement pour la citoyenneté. Sensibilisé aux questions touchant spécifiquement la jeunesse, comme l’insertion professionnelle, il s’intéresse aussi à l’univers du numérique. Après être passé par différentes instances en lien avec la sphère politique il a choisi aujourd’hui de s’impliquer au sein de l’Institut Kervégan pour, dit-il « se détacher de la BFMisation des esprits » en menant une réflexion d’ensemble avec des experts d’horizons divers.

 

On ne peut pas dire que le discours sur le désengagement des jeunes générations s’applique à vous, n’est ce pas ?

En effet, dès le lycée, je me suis porté candidat au conseil académique de la vie lycéenne. Je ressentais le besoin de porter des messages concernant l’orientation et l’enseignement. J’avais envie de m’exprimer ! Mais très vite, j’ai eu le sentiment de ne pas être écouté. On avait fait deux ou trois propositions au Ministère de l’Education, qui sont restées sans suite. Ça manquait de concret.

Mais vous n’abandonnez pas pour autant l’envie d’un engagement citoyen ?

Non, après mon Bac ES et quelques mois de Prépa en prévision du concours de Science Po. (qui n’ont pas été concluantes !) j’ai pris une année sabbatique et je me suis investi au Conseil Régional des Jeunes. Je trouvais intéressant d’agir au niveau régional et c’est ce que j’ai fait en m’impliquant sur le Pass Culture Sport. L’année suivante, j’ai été tiré au sort pour être membre de la commission citoyenneté.

Et la politique ?

Je me suis engagé politiquement à l’occasion du CPE.

Quel a été le moteur de cet engagement ?

J’avais observé dans ma génération qu’on était partant pour manifester mais pas pour voter ! Alors j’ai porté avec d’autres, l’opération « une caravane civique » qui avait pour but d’inciter à l’inscription sur les listes électorales. On a sillonné toutes les villes de la région pour faire de la pédagogie. Ensuite j’ai été un peu désabusé par les instances fédérales, les guerres d’appareil et j’ai pris mes distances.

Et vos débuts dans la vie professionnelle comment ça se passe ?

Je me suis finalement formé en technique de commercialisation, par goût du contact-client. Après un DUT, j’ai poursuivi à l’ISEG Nantes pour obtenir en trois ans un niveau bac+5. J’ai fait une année d’alternance à Paris et à Prague dans une filiale d’Air France spécialisée dans l’externalisation de la relation client. Et comme j’avais aussi le goût pour les métiers du web, j’ai en parallèle monté pour cette filiale un site de e-commerce. Avec ce travail et les cours en fin de semaine j’avais des horaires de cadre parisien ! Mais à la fin de ma période d’alternance, il n’y avait pas de création de poste alors ils ne m’ont pas gardé.

Vous faites alors l’expérience de la recherche d’emploi ?

D’abord, j’étais obligé de rentrer sur Nantes à cause du coût de la vie à Paris ! je ne pouvais pas me loger dans ces conditions. Mais je ne m’attendais pas à ce que la recherche d’emploi soit difficile à ce point ! Avec un diplôme de commerce, de l’expérience, de la motivation et la mobilité, on avait que des petits boulots à me proposer dans le recouvrement ou les centres d’appels…j’ai mis une bonne année à trouver un emploi à la mesure de mes compétences !

Qu’en retirez-vous comme analyse ?

Il y a un manque de confiance des entreprises envers les jeunes. Les stages ne sont pas considérés comme une expérience alors que la plupart du temps on fait le même travail qu’un salarié ! On entend dire que les jeunes sont trop exigeants, mais on veut juste être en situation de faire nos preuves.

Vous êtes finalement recruté comme ingénieur commercial dans une agence web à Nantes ?

Oui, enfin disons que le poste était à 30% sur un profil ingénieur, le reste c’était du phoning ou du porte à porte en zone industrielle. Je restais donc en veille sur d’autres opportunités, vers de l’accompagnement plus long terme sur des fonctions liées à l’avant vente, le conseil ou la gestion de projet web/e-commerce.. sans pour autant délaisser l’aspect commercial fort qui me caractérise. Et c’est en train de se concrétiser !

Vous souhaitez cultiver votre côté « geek » ?

Oui, car je suis convaincu que le numérique et plus particulièrement le e-commerce constituent une véritable révolution industrielle qui concernera à terme tous les secteurs. Je n’oublie pas pour autant l’importance de l’humain, composante indissociable d’une relation client « gagnant-gagnant ».

Quelle place prend le numérique dans vos différentes activités ?

Professionnellement, je mets mes connaissances techniques au service du business en étant l’interface entre les clients et les développeurs. Dans mes engagements associatifs, je m’appuie aussi sur le numérique : je gère la page facebook de l’association « des ailes pour l’ouest », et comme j’aime à penser que les bonnes idées peuvent émerger de la réflexion collective, je me suis impliqué dans l’institut kervégan où j’anime un atelier sur le numérique comme nouvel espace politique.

 

propos recueillis par Stéphanie RABAUD,
Directrice générale de l’Institut Kervégan

Mathias CROUZET est l’animateur de l’atelier « Numérique : un nouvel espace politique ? »