L’aéroport, un débat qui laissera des traces, heureusement !

paru dans la Tribune Libre #49 (PDF, 1.24 Mo)
Mars 2012

Auteur : Jacques FLOCH

 

A entendre des commentateurs de la vie publique, l’Ouest de la France serait entré dans une nouvelle chouannerie, avec de valeureux travailleurs de la terre s’opposant, les mains nues, à des troupes armées envoyées par des politiques inconscients. Le motif de la révolte est la construction d’un nouvel aéroport, qui en cette période de disette apparait à certains comme inutile, dispendieux, contraire aux intérêts des populations, antithèse d’un développement durable, nuisant aux qualités naturelles de l’espace qui va en être bouleversé.

Ce réquisitoire ne laisse aucune place à l’indulgence, la condamnation est inévitable, de plus elle doit être publique. Le juge, habituellement, juge au nom du peuple français, il est nommé et reconnu pour cela. Certes son verdict peut, et c’est heureux, être sujet à appel pour qu’un autre juge dise si le droit, le règlement, voir le bien fondé ont été respectés.

Des assemblées élues au suffrage universel* : trois conseils régionaux, des conseils généraux, des conseils municipaux ont débattu de ce projet, elles en ont conclu à une nécessité pour le développement de l’Ouest de la France, assurant la complémentarité avec le réseau de la grande voirie et des lignes à grande vitesse du chemin de fer. Ces assemblées sont composées d’élus responsables, compétents rendant compte régulièrement à leurs mandants c’est-à-dire à leurs électeurs, la grande majorité d’entre eux ont été réélu : ils sont reconnus pour être légitimes.

Alors qui doit décider ?

Dans notre démocratie ce sont les élus, ils l’ont été pour cela. C’est peut être un système qui n’est pas parfait mais dans une République digne de ce nom c’est le seul acceptable si non on tombe sous les coups d’une dictature soit personnelle, soit d’un groupe qui se considère comme une avant-garde ayant le droit de dire, à votre place, ce qui est bon pour vous et cela sans aucune sanction possible (électorale ou autre) pour lui. Mais les citoyens ont le droit et le devoir, s’ils le jugent utile, de contester les décisions des élus et ils ont des moyens pour cela :

– En exigeant que les élus justifient leurs choix,
– En demandant aux administrations des rendus comptes,
– En sollicitant le juge pour dire le droit.

Les élus pris en défaut du non respect de la loi ou du règlement seront obligés de remettre sur le métier leur projet ou de purement et simplement l’annuler. S’ils ont respecté les règles, le droit, le bon sens, s’ils ont sagement utilisé l’argent public, leur devoir est de conduire à bonne fin le projet discuté.

Le projet d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’a reçu aucun véto des autorités habilitées à donner leur avis mais il reste des recours en instance d’examen qui vont dans les semaines à venir dire le droit. Il sera du devoir des élus d’en tenir compte, il ne peut en être autrement, soit en reconsidérant leurs prises de position soit en construisant l’aéroport. Dans ce deuxième cas personne si déterminé soit-il ne pourra s’y opposer soit en répudiant les règles de la démocratie, soit en violant les lois de la République.

Oui ce débat laissera des traces, très heureusement, car il rappellera à tous les règles que s’est donné notre société depuis 1789 et notre ardente obligation de les respecter.

*« Le suffrage universel est notre maitre » (propos tenus par J.L Mélenchon)