L’Europe cet idéal à (re)construire

par Mathias CROUZET

Publié dans la Tribune Libre # 55, mai 2014

 

Le 25 mai prochain, nous sommes appelés aux urnes pour élire nos députés européens. Dans notre circonscription, c’est plus de 20 listes qui se présentent à notre suffrage. Partis historiques, extrêmes et listes autoproclamées « citoyennes », une constante domine : on nous promet une autre Europe.

L’Europe actuelle semble tellement contestée que même les partis aux manettes depuis 20 ans nous proposent de refonder l’Europe, qui pour plus de justice, qui pour plus de souveraineté (et pourquoi pas de « souveraineté juste ? »)

Je suis né en 1988, j’appartiens donc à une génération qui n’a connu ni la guerre ni les frontières. Pour ainsi dire, l’Europe d’avant 1992 n’existe que dans les témoignages de nos aînés et éventuellement dans le souvenir de longues après-midi passées dans une salle poussiéreuse en cours d’Histoire.

N’ayant vécu la phase de la construction européenne que partiellement, l’Europe n’est donc pas nécessairement quelque chose qui passionne la génération à laquelle j’appartiens. Si pour nos « aînés » il est encore possible de se remémorer l’idéal européen et de mesurer le chemin accompli, l’Europe reste pour notre génération un concept encore à définir.

Des libertés mais après ?

La principale différence entre ces deux générations tient dans le fait que les plus jeunes prennent pour acquises certaines libertés.

A titre d’exemple j’en citerai deux :

La liberté de circulation d’abord : quoi de plus naturel et simple aujourd’hui de franchir une frontière en Europe ? Aujourd’hui, grâce aux lignes aériennes « low cost » et à une simple carte d’identité, il est possible de se rendre n’importe où en Europe, pour un prix souvent inférieur à billet de train pour un trajet national.

Les échanges universitaires ensuite, qui popularisés par « l’Auberge espagnole » permettent aujourd’hui à un grand nombre d’étudiants de partir pour un semestre ou plus à la découverte d’un autre pays.

Ces possibilités ayant été parfaitement intégrées par ma génération, la question qui aujourd’hui se pose légitimement est « et ensuite » ? En effet, malgré les déclarations des uns et des autres, l’absence de vision pour le futur de l’Europe est de plus en plus flagrante. L’union des 28 est-elle possible sur des sujets plus impliquant que la courbure idéale du concombre ? Que peut-on proposer aujourd’hui à une génération qui sans rejeter son appartenance à une nation n’en fait plus un facteur de définition principal ?

Raviver la flamme européenne

Ainsi, avant de se demander s’il faut plus ou moins d’Europe, plus ou moins d’harmonisation, il convient de d’abord regarder d’où l’on vient et de s’interroger sur ce que signifie aujourd’hui le terme d’Union Européenne. Dans un contexte international où les grandes puissances occidentales occupent de plus en plus la place de spectateur et où le nombre fait de plus en plus la force, c’est aujourd’hui une priorité.

La construction d’un véritable sentiment d’appartenance, spécialement pour les plus jeunes, ne se fera que si les dirigeants européens parviennent à nous faire de nouveau espérer et croire en l’idéal d’un continent uni autour de valeurs et principes communs, ce qui, à la lecture des professions de foi de nos candidats, ne semble malheureusement pas être le cas.

Les différents sondages annoncent une abstention record et une large victoire des partis dits « eurosceptiques ». Si ces prévisions s’avèrent malheureusement exactes, il ne reste qu’à espérer que cet électrochoc sera celui qui enfin ravivera la flamme européenne chez les 500 millions d’Européens.

 

A lire aussi :

Tribune Libre # 55, Édition spéciale élections européennes

> « Changer d’Europe » par Jacques CROCHET

> « Générations Europe » par Yves MELANTOIS

> « Cabri, c’est fini… » par jean-Jacques DERRIEN

Tribune Libre # 55 en version PDF