Note du Groupe "Ruralités"

Article : Les ruralités vues par les métropolitains ?

Lors du lancement des travaux de l’atelier « Ruralités », nous avons interrogé les membres de l’Institut Kervégan et des sympathisants sur l’image dont ils disposent collectivement des territoires ruraux. Je vous propose de revenir dans cet article sur les principaux résultats de cette enquête et de revenir conjointement sur le rapport du CREDOC sur le rapport des Français à l’espace rural.

 

Un espace d’inaction et d’ennui

Si les termes « agriculture » et « nature » sont les plus fréquemment utilisés pour décrire l’espace rural, le vocable dominant reste essentiellement associé à l’isolement, à l’ennui et au déclin. La notion d’éloignement (des centres de développement) mentionnée à plusieurs reprises n’y est pas étrangère, car dans l’esprit des répondants, la vitalité et le développement (crise, précarité, paupérisation, vieillissement…) ne seraient que le propre des villes et des métropoles.

 

Un espace récréatif idéalisé 

Les mêmes répondants vont également associer les espaces ruraux à la tradition, à l’authenticité et à la solidarité. Les métropolitains refuseraient-ils de voir les espaces ruraux se renouveler et évoluer ?

Afin d’apporter un premier élément de réponse à cette question, je vous propose de m’arrêter brièvement sur une dynamique que beaucoup de territoires ruraux observent depuis plusieurs années. Après une carrière dans les métropoles, des retraités font le choix de revenir s’installer dans les territoires ruraux en espérant bien souvent retrouver la campagne de leur enfance ou de leur vacances. Bien souvent ce retour aux sources s’avère complexe, car les territoires ruraux ont changé au cours de ces dernières années, la solidarité et la communauté de vie d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui et ne sera plus celle de demain.

 

En dehors de la métropole, point de salut

Pour une part non négligeable des adhérents de l’Institut Kervégan, les territoires ruraux sont condamnés au déclin et à devenir de moins en moins attractifs.

En effet à leur sens, seules les métropoles et les grandes villes seraient aujourd’hui en capacité de créer des emplois et de produire de la richesse.

Les territoires ruraux, en mode survie, seraient même pour certains des espaces coûteux (infrastructures) qui ne devraient leur salut et développement qu’à la dynamique et à la vitalité des métropoles. À ce titre, le seul avenir des territoires ruraux serait celui de la périurbanisation.

Discours ambiant qui sous-entend que les moyens doivent essentiellement être réorientés vers les métropoles et qu’il n’est pas nécessaire de conserver un maillage étroit de service en milieu rural.

 

Un autre modèle de développement

 

Une partie des répondants souligne néanmoins que les territoires ruraux sont aujourd’hui des laboratoires où se créent un modèle de développement alternatif à celui des métropoles et des grandes villes. Cet autre modèle s’appuie sur les valeurs d’entre-aide et de solidarité et sur la capacité des territoires ruraux à se renouveler dans l’adversité et sous la contrainte.

 

 

 

 

Par Gwenaël Boidin