Article de Jean Jacques Derrien #TL65

Le Jour d’après

Les 23 Avril et 7 Mai derniers, les français ont clairement exprimé un mélange de désarroi et de besoin de renouveau.

C’est vraisemblablement le résultat des multiples fractures si souvent évoquées qui traversent notre société entraînant exclusions et sentiments d’impuissance face à des mutations qui ne cessent de s’accélérer sans être réellement accompagnées. Le « do it yourself » et la mise en concurrence de tous les individus devenus agents économiques vendeurs d’eux-mêmes ou acheteurs directs de l’autre dans un maelstrom d’explosion du salariat ne sont sans doute pas les meilleurs alliés d’une démocratie apaisée.

Mais cela ne doit pas pour autant masquer que cette élection est aussi la première expression massive dans les urnes d’une tendance apparue depuis longtemps dans les sondages : la perte de confiance dans notre système représentatif.

Le défi premier du nouveau président et de la future assemblée sera, par delà l’urgence économique, de rechercher les voix de l’exemplarité : exemplarité dans les comportements financiers, exemplarité dans l’assiduité, exemplarité dans la façon de rendre des comptes et de développer des approches participatives  dans l’enrichissement et l’évaluation des politiques publiques. L’évolution vers une forme plus affirmée de non cumul des mandats, dans le nombre et la durée, contribuera à cette confiance retrouvée.

C’est ce que Pierre Rosanvallon nomme l’institution d’une démocratie continue pour et avec les citoyens détenteurs indivis d’une souveraineté qu’ils acceptent de déléguer en liberté et au titre d’un collectif qui les unit, que l’on nomme Nation.

Tout autre terme serait trompeur et la tentation populiste et plébiscitaire des appels directs et indéfinis au Peuple ne ferait que renforcer les dérives totalitaires. Instrumentaliser la France dite d’en bas n’ajoute que mépris à l’indifférence décriée de ceux qui l’oppriment déjà.

L’époque qui s’ouvre est à la fois prometteuse et incertaine, sans doute parce que, comme le suggère Marcel Gauchet, « Emmanuel Macron est le tenant d’un optimisme minoritaire auquel le pessimisme majoritaire veut donner sa chance ».